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Abréviation des ordinaux (premier, deuxième…)

Premier, deuxième s’abrègent en 1er, 2e. Première s’abrège en 1re.

Question-Réponse

Je corrige facilement 2ème en 2e (les lettres devant se trouver en exposant). Mais je cherche à étayer cette pratique et je tombe sur une page internet selon laquelle si la seconde écriture est recommandée par l’Imprimerie nationale, la première est aussi valable. J’aimerais connaître votre avis.

Pourtant :

  • Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale (article « abréviations », p. 6) :

« Abréviation des noms ordinaux : on abrègera première, deuxième, troisième… : 1re, 2e, 3e, et non 1ère, 2ème ou 3ème. Il convient de rappeler que 1°, 2° ; 3°… sont les abréviations de primo, secundo, tertio… le signe supérieur étant un o et non un zéro. »

  • Manuel de Typographie française élémentaire d’Yves Perrousseaux, 8e éd., article « abréviations courantes », p. 57. Les remarques sont les mêmes. L’auteur précise :

« On abrège [...] deuxième par 2e et IIe (on ne met que le e final) et non par 2me, 2ème ou 2ième qui sont des erreurs courantes, même sur les écrans de nos chaînes nationales de télévision. »

L’usage est le même dans le corps d’Orthotypo — Orthographe et Typographie françaises du regretté (Jean-Pierre Lacroux, Quintette). Même chose dans le Ramat de la typographie, éd. 2005 (p. 49 : voir abréviation de premier, premiers).

Qu’il y ait un usage constaté ne signifie pas qu’il soit régulier ! La présence d’erreurs orthographiques sur le Net ne les légitime pas. Mais, de même que l’orthographe est une règle commune qui facilite la compréhension pour n’importe quel lecteur, l’orthotypographie vise au même but s’agissant de la composition — au sens matériel et non « inventif » des textes.

En la matière, la règle est pratique : adjonction d’un e, éventuellement suivi d’un s au pluriel. Les exceptions de 1er, 1re, 2d, 2de étant logiques. Point n’est besoin d’ajouter des lettres superfétatoires, sauf à vouloir faire sien le proverbe shadok bien connu : « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué » !

Exemples

premier 1er — Ier premiers 1ers
première 1re — Ire premières 1res
deuxième 2e — IIe deuxièmes 2es
second 2d — IId seconds 2ds
seconde 2de — IIde secondes 2des
troisième 3e — IIIe troisièmes 3es
dixième 10e — Xe dixièmes 10es
centième 100e — Ce centièmes 100es

Remarques

  1. Selon le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale, les siècles se composent en chiffres romains « petites capitales » : le XVIIIe siècle. On peut trouver cependant des exemples de composition en grande capitale (le XVIIIe siècle), plus simple d’emploi (et — selon le logiciel et la police de caractère employés — parfois préférable pour des raisons esthétiques).
  2. En composition d’imprimerie, les lettres suivant le nombre sont en lettres supérieures. Les logiciels professionnels de composition (PAO) peuvent offrir cette fonctionnalité dont on s’approchera en utilisant la fonction exposant. Certains traitements de texte courants automatisent la composition des ordinaux.

P.-S.

Voir aussi les références du site en matière orthotypographique (notamment pour les ouvrages cités) dans la bibliographie et la sitographie.

Jacques Poitou, professeur à l’université Louis-Lumière (Lyon II), s’est intéressé aux usages en la matière (y compris aux usages des non-professionnels de la typographie). Voir cette page de son site.

Sur l’écriture des nombres en lettres, voir cet article détaillé.

Cet article est tiré du site internet « http://www.langue-fr.net« 

Ce/se

Hésitation entre CE et SE dans « C’est [CE/SE] que tu sais » ? C’est ce que tu sais.

Question

Si j’écris, c’est [ce/se] que tu sais, dois-je mettre se ou ce ?

Réponse

Ce, sans aucune hésitation :
C’est ce que tu sais.

Dans le couple ce que — c’est la même chose pour ce qui —, on ne peut avoir que ce. Essayons d’expliquer la chose en évitant l’ânerie consistant à dire « on peut remplacer ce par cela : la susbtitution n’est pas forcément possible ou peut changer le sens [1].

Dans C’est ce que (tu sais, tu aimes), on aurait pu remplacer ce par la lettre (que tu sais), le café du distributeur (que tu aimes). Mais ce est « le machin » (indéfini) que tu sais (que tu aimes…), que je ne connais pas forcément) mais que toi tu connais à tous les coups.

Pour aller au plus simple, on peut juste se souvenir que, avant que ou qui, on ne trouvera que ce : ce qui, ce que…

Dans l’expression c’est ce que (tu vois, tu crois, tu sais, tu imagines, tu aimes, tu détestes), tu vois (crois, sais, imagines, aimes, détestes) ce (cette chose précise) dont on a parlé ou dont on va parler :

  • Untel m’a donné pour toi cette lettre de Durand : c’est ce que tu sais (une réclamation, une lettre de réprimande… ou de félicitation, une question complémentaire ou une réponse pour un dossier — en tout cas quelque chose que j’attendais).
  • Le patron m’a demandé de t’amener cette enveloppe. C’est ce que tu sais (la réponse à une demande de congé, de promotion ; une convocation ; le programme de travail de la semaine prochaine…).

Inversement se est un pronom personnel « réfléchi » (ou réciproque)

Le premier est un pronom démonstratif indéfini (ce), le second un pronom personnel qui ou que. Se est donc :

  • un pronom personnel (il renvoie à un nom propre ou commun cité il n’y a pas longtemps [2]
  • réfléchi, au sens où un miroir réfléchit, renvoie une image.

Le cheval se cabra. (Le cheval cabre lui-même.)

Si je trouve un autre pronom comme dans Il se cabra, il est un pronom sujet qui renvoie à un nom précédemment indiqué (notre cheval rétif… ou un client mécontent… ou un salarié auquel son chef passait un savon…).

Se vient après un sujet (nom ou pronom personnel) et avant un verbe : il indique que le sujet agit sur lui-même (Il se promène), même au sens figuré (Il se déteste. Se peut d’ailleurs être singulier (une personne) ou plusieurs (Ils se battirent contre l’ennemi [3] Mais se est un pronom complément (comme me, te).

P.-S.

Dans la langue orale « relâchée », on entendrait plutôt c’est quoi tu sais ou c’est… tu sais quoi. Ce quoi correspond bien à ce que.

 

Notes

[1Il faut toujours être prudent avec les « trucs » orthographiques ou grammaticaux. À force d’entendre dire qu’on reconnaissait un complément d’objet en posant la question qui ou quoi, on peut confondre avec des compléments d’objet d’honnêtes attributs du sujet. Il est boulanger. Elle est grande : il est quoi ? boulanger ; elle est quoi ? grande. — Et voilà comment des attributs sont mal identifiés et qu’on confond les verbes d’action (avec complément d’objet) et les verbes d’état !

[2Évidemment, le côté personnel en prend un coup quand on emploie se dans une tournure impersonnelle : Il se peut que… Il se dit que…, mais la langue française est ainsi faite.

[3Au pluriel, on peut passer du réfléchi (sur soi-même) au réciproque : ils se battirent les uns contre les autres.

Attention / Intention

La confusion entre les paronymes attention (« application de l’esprit, prévenance ») et intention (« disposition d’esprit, volonté ») est assez fréquente, notamment dans la locution à l’attention / intention de.

• À l’intention de est une locution de but qui signifie « à l’adresse de ; spécialement pour, en l’honneur de ».

J’ai fait ce gâteau à ton intention (et non à ton attention).

Une messe dite à l’intention des victimes.

Une allusion à l’intention des initiés.

J’ai adressé hier une note à l’intention de Monsieur le Directeur.

• À l’attention de est une formule administrative par laquelle on désigne le destinataire d’une lettre ou d’un document (pour attirer son attention).

À l’attention de Monsieur le Directeur (et non À l’attention).

Pour autant, il est légitime de se demander pourquoi on ne pourrait pas écrire sur un courrier À l’intention de Monsieur le Directeur si ledit courrier est rédigé pour lui. Telles ne sont pas les conventions…

Remarque 1 : Hors contexte administratif, l’expression à l’attention de signifie également « à la connaissance de ; aux soins attentifs de ». On dira donc correctement porter / soumettre / signaler quelque chose à l’attention de quelqu’un : Il a porté ce détail à mon attention.

Remarque 2 : On veillera de même à bien distinguer les adjectifs associés. Ainsi, un homme très attentionné (= plein d’attentions) peut se révéler mal intentionné (= avec de mauvaises intentions).

Cf. le site internet http://parler-francais.eklablog.com

Problème d’accord sur… « pas de problème(s) »

On peut avoir le choix entre le singulier et le pluriel selon qu’on pense au problème général ou en soi lié à la situation, ou aux problèmes divers grands ou petits qu’elle peut présenter. Dans tous les cas, attention au contexte !

Question-Réponse

Des amis me disent que l’expression « pas de problème » s’écrit avec un S à la fin de problème, alors que moi, je pense le contraire. Qui a raison et pourquoi ?

La réponse tient en un mot : syllepse (accord selon le sens). Tout le monde peut avoir raison. Dans l’absolu, on peut aussi bien penser (donc écrire) :

  • qu’il n’y a pas de problème du tout (pas un seul problème) ;
  • qu’on n’est pas dans la situation (par exemple une mise au point technique) où il pourrait y avoir, on pourrait penser à des problèmes (de petits problèmes, le cas échéant).

« Où en est la révision de la voiture de monsieur Gaston ?
Pas de problème(s) ! C’était juste un mauvais additif de carburant. »

Sous-entendu :

  • au singulier : pas de gros souci, on fait ça sans problème en général ;
  • au pluriel : nous n’avons pas rencontré les petites difficultés qu’on aurait pu craindre sur un aussi vieux modèle.

Dans certains cas, le singulier va s’imposer (la réponse impliquant qu’il n’y a pas de problème [en soi] du tout).
« Peux-tu aller chercher les enfants à l’école ce soir ? J’ai une réunion de l’amicale bouliste ?
Pas de problème ! »

[Ici : pas de problème en soi.]

Tout est question de circonstance(s). Il n’y a pas de réponse unique concernant l’expression, sachant qu’à chaque fois qu’on peut penser « problèmes (particuliers) », on a toujours le droit de penser au « problème [global] ».

Évitez le tic langagier ça fait problème, ça pose problème, alors que c’est un problème suffit largement à nos besoins et évite l’abandon injustifié de l’article !

Cet article est tiré du site http://www.langue-fr.net

Nombres (écriture des)

Sur l’écriture des nombres, on pourra consulter avec bonheur et curiosité le site d’Olivier Miakinen. On y trouvera un convertisseur automatique de nombres en lettres ou en chiffres.

Nombres et traits d’union

  1. Les nombres inférieurs à cent sont écrits en lettres avec des traits d’union, sauf quand ils sont liés par et.
  2. Il n’y a pas de trait d’union mais une espace [1] entre un multiplicateur et le nombre qu’il multiplie (sept cent).
  3. Quatre-vingt, même s’il signifie quatre fois vingt est un mot composé qui conserve son trait d’union.
  4. Il y a des adjectifs numéraux (un, trois, dix, vingt, cent, mille…) et des noms (millions, milliards).
Chiffres Lettres
Observations
21 vingt et un ——
31 trente et un ——
53 cinquante-trois ——
56 cinquante-six ——
59 cinquante-neuf ——
71 soixante et onze ——
72 soixante-douze ——
81 quatre-vingt-un sur quatre-vingts, voir plus bas
91 quatre-vingt-onze ——
243 deux cent quarante-trois pas d’espace entre deux et cent. Deux est multiplicateur de cent
2 431 deux mille quatre cent trente et un Des nombres avec multiplicateur : (deux mille ; quatre cent un nombre inférieur à cent coordonné par et : trente et un
400 072 quatre cent mille soixante-douze quatre × cent × mille… et soixante-douze

Vingt et cent

Quatre-vingts (mais quatre-vingt-onze)

Comme cent, vingt prend un s lorsqu’il est précédé d’un chiffre multiplicateur (cinq cents, quatre-vingts) sans être immédiatement suivi d’un autre adjectif numéral :

  • cinq cents
  • cinq cent onze
  • cinq cent mille
  • quatre-vingts
  • quatre-vingt-un
  • quatre-vingt-dix
  • quatre-vingt mille

Chiffres et lettres : les ordinaux

Les ordinaux comme leur nom l’indique renvoient à un numéro d’ordre (cf. premier, deuxième,…) et non au cardinal d’une collection (Si j’ai cinq pièces dans mon porte-monnaie, le cardinal de l’ensemble des pièces contenues dans mon porte-monnaie est cinq).

Les ordinaux écrits en chiffres ne sont pas séparés par une espace :

  • la chambre 2502 ;
  • En 1998.

Comme ordinal, vingt et cent restent invariables :

  • les années quatre-vingt » ;
  • le 1er janvier mille neuf cent.

(Pour l’abréviation des ordinaux voir cet article détaillé.)

Mille

Mille est un pluriel qui ne prend jamais d’S.

On trouvait dans les dates (avant deux mille), notamment dans les documents officiels, la graphie mil :

  • Le 31 décembre de l’an mil neuf cent quatre-vingt-huit ont comparu devant nous…

On écrit :

  • cinq mille
  • cinq cent mille (cent est suivi d’un autre numéral).

(Voir cet article détaillé.)

Millions, milliards

Million et milliard sont des noms qui prennent la marque du pluriel.
On applique les règles précédentes avant puis après millions ou milliards :

  • trois cents millions ; quatre-vingts milliards
  • trois cent un milliards ; quatre-vingt-deux millions
  • trois cents millions quatre-vingt mille deux cent onze
    [trois cents millions puis la suite]
  • trente-trois milliards (le multiplicateur inférieur à cent prend le trait d’union)

 Écriture des nombres et rectifications orthographiques

Les rectifications orthographiques de 1990 prévoient de relier systématiquement les nombres numéraux par des traits d’union. Le site Renouvo donne les exemples suivants :

Ex. : vingt-et-un-mille-six-cent-deux, quatre-centième, un-million-cent.

N.B. On distingue ainsi quarante-et-un tiers (41/3) de quarante et un tiers (40 + 1/3), et aussi mille-cent-vingt septièmes (1120/7) de mille-cent vingt-septièmes (1100/27), de mille cent-vingt-septièmes (1000/127), ou encore de mille-cent-vingt-septième (1127e).

Notes

[1En typographie, l’espace est… féminin.

Cet article est issu du site internet http://www.langue-fr.net

Haricot : c’est meilleur sans liaison

Non, malgré une rumeur qui court encore, aucune « autorité » n’a « autorisé » la prononciation avec liaison les [zariko] — et encore moins l’Académie française.

Les haricots sont meilleurs sans fils… et sans liaison. Certes, une rumeur court depuis des années et indique que l’Académie française aurait autorisé (comprenez : considéré comme correcte), la prononciation avec liaison faisant du h de haricot un h muet. Ceux-là sont mal inspirés, pourtant, qui croient que ce h n’est plus aspiré. Et il en va de même pour handicap qu’il convient de prononcer le /handicap ; les /handicaps et non avec une liaison fautive, au singulier °l’handicap comme au pluriel les [z’]handicaps.

Si nous marquons le h aspiré par ce signe : , nous avons donc :

  • LE ’HARICOT (et non : [lariko]) comme LE ’HANDICAP ;
  • LES ’HARICOTS (et non : [lézariko]) comme LES ’HANDICAPS.

 La règle reste la règle

L’Académie française le fait savoir nettement sur son site, dans la rubrique « Questions de langue française »

Le haricot ou l’haricot ?
Le h de haricot est « aspir », c’est-à-dire qu’il interdit la liaison, impose que ce mot soit prononcé disjoint de celui qui le précède, au singulier comme au pluriel. On écrit et dit : le haricot, non l’haricot ; un beau haricot, non un bel haricot. Tous les dictionnaires indiquent par un signe conventionnel quels h (généralement d’origine germanique) sont aspirés et quels h (généralement d’origine gréco-latine) ne le sont pas[NDLR : sont muets]. Pour certains mots, l’usage est indécis. Ce n’est pas le cas de haricot : la liaison est incontestablement une faute.
La rumeur selon laquelle il serait aujourd’hui d’usage et admis que l’on fasse cette liaison a été colportée par un journal largement diffusé dans les établissements scolaires, L’Actu (n°8 du jeudi 3 septembre 1998, p.7), qui n’a pas jugé bon de publier de rectificatif.

Consultons les dictionnaires « papier » ou en « ligne », cette indication apparaît régulièrement. Les dictionnaires en ligne ou numériques offrent même la prononciation. Quand le mot haricot est prononcé seul, cela n’aide guère, mais ce n’est pas toujours le cas. Ainsi le Larousse français-anglais, plus précis en cela que le Larousse en ligne de langue française donne la prononciation avec l’article : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais-anglais/haricot/39019.

Avec de quoi laisser celles et ceux qui propagent une rumeur infondée… muettes ou muets de saisissement.

La prononciation courante ne se « règle » pas

On entend pourtant — même chez des personnes ne se souciant pas d’alibi académique — la prononciation fautive. Le très docte Trésor de la langue française informatisé souligne certes que la prononciation de référence est « aspirée » :

Prononc. et Orth. : [aʀiko] init[tiale]. asp[irée]. Entorse plus ou moins délibérée dans l’ex[emple] de BRUANT 1901, [cité plus haut dans la définition en ligne] : sur l’haricot.

Mais il n’en indique pas moins qu’Aristide Bruant, co-auteur avec « Léon de Bercy » de L’Argot au XXe siècle (1901) avait transgressé la sainte norme, peut-être de manière délibérée pour mieux évoquer la parlure du petit peuple de Paris, comme Victor Hugo — qui n’ignorait rien du bon usage de son temps — avait mis dans la bouche du jeune Gavroche les célèbres « C’est la faute à Voltaire, c’est la faute à Rousseau ».

La langue se prononce comme elle se prononce. C’est un état de fait, qu’on s’en réjouisse ou qu’on s’en désole. Elle vit sa vie mais reste un marqueur social et culturel dès lors qu’on veut y inclure la norme (ce qui est bien, ce qui est conforme à la règle — ou pas). Dans ce cas, le linguiste (par définition simple observateur et non juge des faits de langue) cède la place au grammairien. Et le meilleur d’entre eux, Grevisse, inclut bel et bien (mais ce n’est pas une surprise) haricot parmi les mots commençant par un h aspiré.

Il observe certes que :

La langue populaire ne respecte guère la disjonction devant h aspiré, ce que les romanciers relèvent parfois dans leurs dialogues : °Une Canadienne [...], qui sera successivement la grande passion de sa vie, l’épouse et L’HAÏE (B. LE GENDRE, dans le Monde des livres, 5 juin 2009, p. 4). — Prends tes ZARDES [= hardes] et va-t’en (HUGO, Misér., III, I, 8). — J’ai fait réchauffer L’haricot de mouton [dit une concierge] (BERNANOS, Imposture, p. 252).

Mais ces exemples sont précédés du fatal signe ° qui, dans le Bon Usage comme ici signale une tournure (au sens large) comme fautive du point de vue de la règle (la réalité courante étant une autre chose).

Nulle police linguistique n’ira poursuivre le quidam lambda qui prononcera [lézariko], mais ce même quidam ne saurait se prévaloir autrement que faussement d’un jugement de l’Académie française qui validerait sa prononciation.

La langue est un usage social en toutes ses dimensions (manger avec les doigts est admis en pique-nique, moins dans un « grand dîner en ville »). Si dans ce dîner-là, il est question de haricots, ils seront meilleurs sans fil… et sans liaison !

Cet article est issu du site web http://www.langue-fr.net, nous vous invitons vivement à le consulter.

Accentuer les capitales : pourquoi ?

La tradition scolaire française (écriture cursive) prohibait l’accentuation des majuscules. Il en va de même de certaines « marches typographiques », dans la presse quotidienne notamment. Mais ce n’est pas la règle typographique !

Un peu de vocabulaire

Dans l’imprimerie (et en typographie, même numérique aujourd’hui), on distingue :

  • les capitales (grandes capitales) ;
  • les petites capitales (apparaissent avec le dessin d’une capitale, mais de la taille de ce que, dans le langage courant, on nomme « minuscules ») ;
  • les caractères « bas de casse ».

Dans l’écriture cursive, on distingue :

  • les majuscules (correspondance avec les grandes capitales) ;
  • les minuscules (correspondant avec le bas de casse).

La notion de majuscule a aussi une valeur grammaticale spécifique (majuscule de phrase, de nom propre, identification de la première lettre d’un vers en poésie traditionnelle).

>>> Pour avoir plus de détails, voir Majuscules sur fr.wikipedia.

L’accent a pleine valeur orthographique

« On n’accentue pas les majuscules » : au nom de cette tradition scolaire, l’accentuation des lettres capitales est parfois condamnée… À tort comme le rappelle le Lexique de l’Imprimerie nationale :

« Accent (utilité de l’)
« En français, l’accent a pleine valeur orthographique. Son absence ralentit la lecture et fait hésiter sur la prononciation, sur le sens même de nombreux mots. Aussi convient-il de s’opposer à la tendance qui, sous prétexte de modernisme, en fait par économie de composition, prône la suppression des accents sur les majuscules.« On veillera à utiliser systématiquement les capitales accentuées, y compris la préposition À. On évitera ainsi de désorienter le lecteur ou même de l’induire en erreur comme ce pourrait être le cas dans les deux exemples suivants, si les accents étaient omis :« ENFANTS LEGITIMES et ENFANTS LÉGITIMÉS de Louis XIV
« ETUDE DU MODELE et ÉTUDE DU MODELÉ »Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale,
4e édition, Imprimerie nationale, Paris, 1990-1997

C’est ce que rappelait également le 7 mai 1998 Dominique Momiron dans le forum langue française :

Dans ses ouvrages, le typographe Yves Perrousseaux a montré que, dès les débuts de l’imprimerie en France, les typographes ont utilisé des capitales accentuées. Leur usage revendiqué n’est pas une mode, mais une simple affirmation culturelle.

 

Les inconvénients de la non-accentuation

Les inconvénients de l’absence d’accentuation des lettres capitales sont dénoncés avec humour sur une page de Bernard Lombart qui rappelle que, dans un hôpital psychiatrique, « un INTERNE et un INTERNÉ, ce n’est pas la même chose ! »

Cet article est issu du site Langue-fr.net « Par amour de la langue française, au service de tous ses usagers »

Le clavier étendu de Denis Liégeois (Windows)

Le clavier de Denis Liégeois permet d’obtenir aisément des majuscules accentuées et d’autres caractères spéciaux. Il s’agit d’une extension du clavier Windows.

Clavier Liégeois

http://users.numericable.be/denis.liegeois/kbdfrac.htm.

Voici les caractères supplémentaires que vous pouvez obtenir sous Windows avec le clavier étendu de Denis Liégeois, qui ne modifie pas les combinaisons existantes, mais utilise les possibilités ouvertes notamment par l’emploi de la touche AltGr.

Le site de Denis Liégeois indique le mode d’utilisation, le mode d’emploi et les moyens de revenir au gestionnaire de clavier standard de Windows. Elle contient également un lien vers une FAQ.

En affichant la page depuis le début, vous trouverez une image à imprimer en couleur. C’est celle dont nous avons reproduit ici une version réduite. Le plus simple est d’enregistrer l’image depuis le site de Denis Liégeois puis de l’imprimer en couleurs… et de la garder sous la main pour pouvoir s’y référer chaque fois que nécessaire. Très rapidement, on mémorise les raccourcis le plus souvent utiles.

Pluriel : 1,5 million ou 1,5 millions ?

En français, le pluriel commence à deux… et pas à un peu plus d’un !

Question

Comment devons-nous écrire : 1,5 million ou 1,5 millions ?

Réponse :

Au singulier.

En effet, en français, le pluriel, même pour les millions, commence à 2.

Nous aurons donc :

  • 1,9999 million (prononcé : un million [virgule] neuf mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf) ;
  • 2 millions.

Vous pouvez remplacer million par tout autre nom.

Les parties du discours

Les mots qui composent le discours sont regroupés par catégories selon les caractéristiques qu’ils ont en commun. Ces différentes catégories s’appellent les parties du discours.

On distingue traditionnellement :

les noms chien, table, beauté, espoir, Sabine…
les déterminants le, mon, chaque…
les adjectifs beau, vert, traditionnel, municipal…
les pronoms je, il, chacun, qui…
les verbes être, chanter, espérer, grandir, vouloir…
les adverbes bien, grandement, pas…
les prépositions à, de, dans, par, pour, sur…
les conjonctions de subordination que, comme, quand…
les conjonctions de coordination et, ou, mais…
les interjections ouf !, hélas !…

Par ailleurs, il existe des expressions figées qui présentent les mêmes caractéristiques que les mots d’une partie du discours. On appelle ces expressions des locutions. N’importe qui est une locution pronominale. Parce que est une locution conjonctive. Rendre visite est une locution verbale.

Les critères servant au classement des parties du discours sont :

  • des critères de variabilité : les mots d’une classe varient-ils ? comment varient-ils ? en fonction de quoi varient-ils ?
  • des critères syntaxiques : quelle fonction les mots d’une classe peuvent-ils avoir dans la phrase ?
  • des critères de sens : quel type d’information apportent les mots d’une classe ?

Les frontières entre les différentes parties du discours ne sont pas toujours nettement délimitées :

  • certains mots peuvent appartenir à deux catégories différentes : tout peut être déterminant ou pronom ;
  • certains mots peuvent occuper une fonction qui est réservée à une autre catégorie (loin, adverbe s’emploie comme attribut : elle est loin) ;
  • certains mots ont changé de catégorie : manoir était autrefois un verbe, etc.

 (Source REVERSO.net)